Depuis le mois de Juin dernier, les cours mondiaux du pétrole
ne cessent de chuter d’une façon
vertigineuse.
Au travers de cet article, nous entendons apporter un éclairage à cet état de fait.
- · L’essoufflement de la Chine
Fin août, la Chine enregistrait une
production industrielle en hausse de +6,9% sur un an (contre 9% en Juillet) sa
plus faible progression en rythme annuel
depuis le début de la crise financière en 2008.
D’autres facteurs tels que : les
ventes au détail, la consommation d’électricité ou les investissements en
capital fixe (infrastructure) viennent confirmer le ralentissement de l’économie
chinoise. La croissance chinoise est aujourd’hui de 7,5%.
- · La faible évolution de la demande mondiale
L’une des raisons majeures de la baisse du
prix mondiale du pétrole est la présence abondante de ce dernier sur les marchés alors que ses principaux consommateurs (Chine, Europe,
Japon et Brésil) enregistrent, de mauvais résultats économiques.
L’Arabie Saoudite refuse catégoriquement de
baisser sa production de pétrole face aux autres pays membres de l’OPEP qui
gardent, leurs niveaux de productions intactes.
Que dire, de la forte production de pétrole
(non conventionnelle) en provenance des Etats-Unis ? Tous ces facteurs mis
bout à bout, font que l’écart entre
capacité mondiale de production et demande mondiale de pétrole est considérable
(6 millions de baril par jour).Et il ne va pas en diminuant ce qui tire, les
prix mondiaux vers le bas.
- · Conséquences
Selon le FMI, la baisse prolongée du prix
du baril de pétrole pourrait contribuer à hauteur de 0,3 à 0,8 point à la
croissance mondiale en 2015 et 2016.
Pour ce qui est du cas des Etats-Unis,
certains experts pensent qu’un prix du
baril à 40 dollars implique un gain de 1.350 milliards de dollars pour tous les
acheteurs (états, entreprises, ménages).Une baisse de 1 dollar à la pompe du gallon d’essence augmenterait, le revenu
disponible des 100 millions de ménages aux Etats-Unis de 1 milliard de dollars. Ce qui entrainerait,
une dépense supplémentaire de 1.000 dollars pour chaque foyer épargnée sur sa
dépense en carburant.
Pour un pays tels que la France, ou les
taxes du prix à la pompe s’élèvent autour
de 50%, l’impact sera moins fort. Mais il devrait servir de soutien au même titre que la baisse de l’Euro, pour
épauler une économie dont la croissance devrait difficilement dépasser 1% en
2015.
Certains seraient tentés de se demander
pourquoi la valeur des actions a-t-elle tendance à baisser lorsque le pétrole
chute sur les marchés des matières premières. Cela s’explique tout simplement
par le fait que, les entreprises énergétiques représentent une part non
négligeable de la cote mondiale.ExxonMobil (388 milliards de dollars),
PetroChine, Royal Dutch Shell, Chevron sont toutes classées dans le top 25 des
plus grosses capitalisations.
D’autres parts aux Etats-Unis, les secteurs
pétroliers et parapétroliers pèsent lourdement dans l’investissement. Les
dépenses en ce domaine ont représenté en 2014 1% du PIB (près de 180 milliards de dollars)
deux fois plus qu’en 2010.Or la chute des prix met à mal les nouveaux entrants
du gaz et pétrole de schiste. Au point, de susciter des inquiétudes concernant
la dynamique de croissance engendrer par ces derniers aux Etats-Unis ces
dernières années.
Dans la même optique, l’effondrement du
prix du pétrole ne se fait pas encore ressentir dans les comptes des
entreprises. Au contraire, il aurait même valu 2,5 points de croissance aux bénéfices des
groupes américains au quatrième trimestre 2014.D’ailleurs, une étude du FMI sur
l’impact du recul des prix de l’or noir
sur la croissance mondiale, montre que celui –ci pourrait être deux fois
moins important en raison de la violence du phénomène.
Mais la principale explication réside dans
le fait que la déflation pourrait s’avérer être un véritable repoussoir pour les
investisseurs.
En ce qui concerne la zone Euro, la BCE y
anticipe une inflation négative au premier trimestre. Alors que le recul du
prix du baril pourrait alimenter l’idée que, les prix vont continuer à baisser
et donc, inciter les consommateurs à épargner les Euros économisés en faisant
le plein plutôt que de les dépenser dans une nouvelle voiture. En résumé, pour
que les marchés voient la baisse du pétrole comme une vraie bonne nouvelle, il
faudrait que celui-ci arrête d’abord de baisser.
-Frédéric Betta-Akwa
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